Qu'est ce que le Wing Chun ?
Un peu d'histoire
C'est au XVIIe siècle en Chine qu'apparaissent les signes qui annoncent la fin de l'Empire de la dynastie des Ming. La question du salut et de la fin du peuple des Hans est de loin la première.
L'histoire du Wing Chun commença ainsi : avril 1645, les Mandchous, qui ont envahi la Chine, s'emparent des rênes d'un empire qui tentent de renouer avec les traditions nationales, mais qui instaurent des pratiques autocratiques. Accédant par la force aux plus hauts postes de l'état, les Mandchous fondent la dynastie Qing.
Laquelle s'imposera jusqu'en 1911. L'ordre Mandchou est alors plus occupé à réprimer les dissidences internes. C'est ainsi que le Kung Fu, abrité à Shaolin, se développe au nez et à la barbe de l'envahisseur.
Le dernier chef-d'oeuvre conçu à Shaolin. C'est à cette époque que cinq des plus grands maîtres de la Chine : Yee Sin, Miao Hin, Fung Do Tak, Pak Mei et Ng Mui prennent la décision de se réunir dans une salle du temple de Shaolin du Sud. Désirant concevoir une méthode de combat plus efficace, ils mettent alors en commun les meilleures techniques de leur style respectif. Ils fusionnent ainsi les techniques des styles du Dragon, du Tigre, du Serpent et de la Grue Blanche selon de nouveaux principes. Ils énoncent alors le chemin des connexions nerveuses à l'intérieur du corps (réflexes neuro-sensitifs) et les principes de la prise du centre qui restent encore valables aujourd'hui.
Dans le courant du XVIIe siècle, de nombreuses sociétés révolutionnaires secrètes se mirent en place afin de renverser le pouvoir en place. Pour se cacher, leurs membres trouvaient refuge dans les monastères et c'est aussi en ces lieux qu'ils pouvaient acquérir une formation martiale pour lutter contre les forces armées des nouveaux dirigeants, souvent commandées par les anciens officiers Han ayant fait allégeance aux Mandchous.
La venue dans les monastères de ces patriotes fut un premier facteur d'évolution des arts de combat.
À cette époque, nul pratiquant ne pouvait apprendre à se défendre sans consacrer de nombreuses années à la pratique. Il fallait dix années de travail physique intensif avant d'aborder, pour une période tout aussi longue, le travail interne. Il n'était pas rare de pratiquer vingt ans afin de maîtriser un style de combat. Une formation aussi longue était donc incompatible avec les nécessités du moment. Il fallait trouver et créer une nouvelle méthode de combat qui serait à la fois plus efficace que les autres styles avec un temps d'apprentissage moins long.
Ce fut ainsi qu'il y a trois siècles environ, cinq des plus grands maîtres de la Chine se penchèrent sur la question. Ils développèrent les formes de combat et recherchèrent ensemble les techniques qui leur permettraient de combiner ce qu'il y avait de meilleur dans les deux principales écoles : interne et externe, pour permettre les points faibles inhérents à chacune de ces deux écoles.
Apprenez en plus sur les pratiques du Wing Chun
(De Positus : manière d’être posé)
Du bassin jusqu’au sommet du crâne, aligné sur l’axe vertical reliant Terre et Ciel, au milieu des pieds, passant par le périnée et le sommet du crâne. (Axe central).
Les genoux fléchis, les articulations alignées à celles des pieds, dont le prolongement figure un triangle.
Les bras détendus, poings fermés à 1.5 distance de poing de chaque côté du torse, à hauteur des pectoraux.
Les avant-bras parallèles au sol.
Les bras et les jambes alignés (doigts et orteils pointant dans la même direction).
Toutes ces étapes correspondent à la connexion à la structure interne (énergétique) et à l’alignement de la structure externe (physique) pour et par la première. En effet, cette posture permet de recevoir correctement la force verticale de la gravité, de la canaliser, de s’en servir pour s’enraciner (à la verticale), de nourrir l’adhérence de nos points d’appui, de s’enraciner (à l’horizontal) et de profiter du retour de cette énergie par les contre-poussées offertes par ces mêmes points d’appui.
Ainsi, la combinaison des structures interne et externe permettront une utilisation juste du corps. La Voie du non-effort nous ouvre les bras.
Neutre : Le prolongement des jambes et des bras dessine un triangle équilatéral. Les bras détendus, doigts pointant vers la ligne central de l’adversaire (ou la projection de son propre axe central si l’on est seul). Les coudes pointés vers le bas. Les deux bras se trouvent donc à la même distance de la cible.
De face : Jambe droite ou jambe gauche en avant : Un côté du corps (Jambes, hanche, épaule et bras) est présenté à l’adversaire alors que l’autre côté se tient en retrait. (Cf. la photo ci-contre.)
De côté : Comme la position de face mais avec cette fois, une dissociation de la direction des genoux de celle des bras. Les genoux pointent vers le point de déviation alors que les bras, eux, pointent vers la ligne central de l’adversaire.
En T : Un pied en arrière, perpendiculaire au pied avant, tous deux pointant vers l’axe central de l’adversaire. Le poids du corps est principalement porté sur la jambe arrière (70 à 80%), afin de pouvoir décocher rapidement des coups de pieds de la jambe avant. Si l’on réunit nos deux pieds, ils forment un T, d’où le nom de position.
Groupé : Les pieds joints, tous les déplacements sont possibles. C’est une position transitoire offrant un large choix de mouvements pour s’adapter à la situation.
Demi pas : Déplacement de la moitié de la distance séparant les pieds. Il se fait dans le prolongement de l’axe réunissant les pieds. Il sert à se rapprocher ou s’éloigner peu mais rapidement.
Pas : Regroupement des pieds puis déplacement de la distance séparant les pieds avant leur regroupement. Il se fait également en suivant l’axe joignant les pieds. Il sert à avancer ou se retirer profondément.
Pas complet : Regroupement des pieds puis déplacement de la distance séparant les pieds avant leur regroupement, mais, cette fois, en changeant le côté mis en avant. L’utilité est la même que celle du Pas, mais en changeant de côté.
Ouverture d’angle : Demi-pas en ouvrant légèrement sur l’extérieur de l’alignement des pieds. Il sert à adapter son angle de déviation et de frappe pour pouvoir utiliser l’attaque/défense simultanées.
Les autres techniques à un bras :
- Grand Huen Sao : La rotation du coude
- Pak Sao inversé : Déviation par le creux externe du poignet
- Pak Sao latéral : La poussée latérale de la paume
- Chuen Sao : Le bras qui se faufile
Les techniques à deux bras :
- Kuan Sao : Tan Sao + Bon Sao (ou Bon Sao bas)
- Khan Sao : Tan Sao + Garn Sao
- Noy Moon Chuie : Le coup de poings vertical
- Wung Jeung : Le coup de paume
- Dai Jeung : Le coup de paume renversé
- Po Pai Jeung : Le double coup de paume
- Shil Lim Tao : La petite idée
- Shil Lim Tao forme avancée
- Chum Kil : Franchir le pont
- Bil Jee : Les doigts qui transpercent
- Mook Yan Jong : Les 108 mouvements au mannequin de bois
- Bart Jarn Dao : Les huit coupes des couteaux papillons
- Louk Dim Book Kwun : Les 6 frappes et demi au Bâton long ou « Perche du dragon ».
Apprenez en plus sur les particularités du Wing Chun
L’axe central : L’axe central du corps est l’axe reliant le centre de la Terre et le Ciel, en passant par le centre du corps (du périnée au sommet du crâne). Il est un élément indispensable à l'équilibre dynamique. C’est aussi en son centre que le corps peut développer le maximum de puissance.
Un pratiquant utilisant correctement son axe central et sa ligne du centre développera plus de puissance dans sa technique. Cette notion est importante, car les coups portés par un adversaire ont énormément de puissance, alors, un pratiquant ne sachant pas aligner son corps face à sa ligne médiane, n’aura que peu de chance de bloquer l’attaque d’un pratiquant chevronné.
La ligne du centre (ligne médiane) : La ligne du centre désigne la ligne séparant le corps en deux côtés égaux : droit et gauche. Dit autrement, c'est la projection de la coupe sagittale vers l'avant. Afin d’utiliser les propriétés de l’axe et de la ligne du centre, le pratiquant de Wing Chun applique ses techniques depuis cette ligne frontale.
En effet, en connaissant et en utilisant judicieusement cette géométrie, on maximise notre structure, notre capacité à recevoir, à dévier et à projeter la force.
Un pratiquant ne sachant pas s’aligner correctement par rapport à son centre utilisera plus volontiers la force musculaire. Obtenant un résultat inférieur en comparaison d’un adversaire sachant transmettre le poids de son corps dans son attaque. Car c’est de cela qu'il s'agit : la force musculaire est une force limitée. Non négligeable, certes, mais cette force initiale peut être décuplée par l’utilisation correcte de la vitesse et de la masse du corps. La force musculaire seule peut ne pas suffire pour bloquer une attaque puissante. Seul un alignement parfait par rapport à la ligne médiane peut permettre à une personne disposant d’une force inférieure, de dévier le coup d’un attaquant doté d’une force supérieure.
Voilà pourquoi l’utilisation correcte de la ligne du centre est un élément crucial du combat.
La ligne centrale : Quant à elle, la ligne centrale désigne la ligne droite reliant les lignes du centre (ou médianes) des deux adversaires. Elle est la distance la plus courte entre leurs deux lignes de centre et est un objet de bataille primordial pour les deux combattants désirants chacun, atteindre leur adversaire par le chemin le plus court et s'y défendre.
La ligne centrale est, dans tout art, (escrime, boxe pieds/poings) est un élément indissociable de la géométrie des corps que tout bon combattant se doit connaître et maîtriser. Une fois le coup dévié ou bloqué, il convient de pouvoir contre-attaquer efficaement.
En Wing Chun, le principe de contre est lié en majeure partie à la simultanéité de la défense et de l'attaque. C'est-à-dire que les pratiquants de Wing Chun utilisent un bras sur la ligne du centre pour dévier ou bloquer l'attaque de leur adversaire, tout en contre-attaquant avec l'autre bras, dans le même temps sur la ligne centrale. Pour ce faire, le pratiquant de Wing Chun utilise une géométrie et des repères spatiaux précis. De cette précision, de la finesse des déplacements et du positionnement, dépendront l'objectivité de tous les contres existants dans cet art. À l'instar des pratiquants d'escrime étant capables de faufiler leur fleuret à toute vitesse sur la ligne centrale, le pratiquant de Wing Chun entraîne ses bras et ses jambes à réagir, à l'intérieur d'une géométrie triangulaire identique à celle utilisée dans l'art de l'escrime française. Cherchant à conserver constamment l'avantage sur la ligne centrale, le pratiquant pousse sons adversaire à utiliser des attaques extérieures à cette ligne. Il obtient ainsi l'avantage d'utiliser la distance la plus courte et s'investit en ligne droite, dans l'ouverture créée.
Le Chi Sao : Ou "mains collantes" est, comme son nom l'indique, le fait de garder le contact avec les bras de son partenaire. Soit via un seul contact, nous parlerons alors de Chi Sao à un bras ou, deux contacts, le Chi Sao à deux bras.
Il se réalise à une distance très proche où les percussions seraient trop rapides pour être interceptées. Garder le contact permet alors de se protéger et de maintenir la pression sur son adversaire tout en recueillant une multitude d'informations précieuses. (La localisation de son bras, la pression qu'il exerce et sa direction. Pour celles et ceux dont les perceptions deviennent assez fines, il leur est même possible, par ce contact, de ressentir la structure de leur adversaire, ses tensions, ses pleins et ses vides).
Les mains collantes permettent donc à la fois de se défendre en redérigeant les pressions, mais également de s'infiltrer dans le système de défense de l'autre car, la direction de sa pression indique nécessairement tous les endroits où elle ne se trouve pas.
C'est un formidable outil pour maîtriser un équilibre entre relâchement et poussée. Le premier est nécessaire pour accueillir et ressentir la pression du partenaire et la contourner, la seconde pour ne pas subir cette pression et la rediriger.
Pour vous faire une idée : Imaginez que vous teniez une feuille contre une vitre et que vous souhaitez la déplacer à votre guise. Une pression trop importante l'immobiliserait alors qu'une pression insuffisante la laisserait tomber. Maintenant, imaginez que la vitre puisse se mouvoir et qu'il vous faille maintenir la pression juste, pour que la feuille ne tombe ni ne soit bloquée.
Les Origines : Il y a 300 ans, à l'époque où le temple de Shaolin du Sud existait encore, on raconte qu'il existait à l'intérieur du temple, un long couloir nommé « le couloir de la mort » ! Ce couloir, étroit et obscur, était bordé de 108 mannequins de bois articulés ou armés. Il constituait la dernière épreuve que devaient franchir les moines guerriers avant d'être autorisés à sortir du temple pour rejoindre le monde extérieur.
Les moines aguerris devaient maîtriser une technique sur chaque différent mannequin tout en avançant dans le couloir qui était jonché de pièges. Une fois arrivés au bout, ils devaient soulever, à l'aide de leurs avant-bras et d'une position cavalière, un très lourd chaudron rempli de braise. La brûlure cuisante d'un dragon et d'un tigre s'inscrivait sur leur peau pour le reste de leur vie.
Une fois le chaudron déplacé, un système de levier actionnait l'ouverture d'une porte secrète leur permettant de sortir et de quitter le temps pour rejoindre le monde laïque.
Après la destruction du temple du sud en 1768, les cinq plus grands maîtres du temple s'enfuir. Il n'était plus possible de s'entraîner à l'intérieur du couloir de la mort. Ces 5 grands maîtres, Gee Sin, Miao Hin, Fung Do Tak, Pak Mei et Ng Mui (la seule femme) furent les fondateurs du style Wing Chun. Pour des raisons pratiques liées à la transmission, ils condensèrent leur meilleures techniques sur un seul mannequin.
La forme du Wing Chun évolua principalement jusqu'à Ip Man qui y apporta les dernières modifications en supprimant les répétitions latérales et, en la scindant en deux partie.
Traditionnellement en Chine, les formes se répétaient à gauche puis à droite. Les maîtres, soucieux de faciliter la transmission de leur style, supprimèrent peu à peu les répétitions et inclurent différentes variations.
C'est la raison pour laquelle on trouve aujourd'hui deux formes bien distinctes au mannequin de bois. Une de 108 mouvements et une de 116. Il existe de nombreuses écoles en Chine qui utilisent le mannequin de bois.
Le bâton long ou Dragon pole : Il y a plus de 3000 ans avant Jésus-Christ, les bâtons et la longue perche existaient déjà. On les utilisait pour chasser autant que pour se défendre lors de batailles. Dans les arts martiaux traditionnels, le bâton mesure généralement 5 à 6 pieds de long et, a le même diamètre d'un bout à l'autre. La longue perche, elle, peut avoir une longueur allant jusqu'à 13 pieds et possède une extremité plus fine que l'autre.
Ces armes furent très prisées dans les anciens temps car extrêmement facile à construire. Avec la découverte du bronze et de l'acier, les bâtons et perches furent transformées en lances et hallebardes, dans de multiples version et différentes longueurs. L'utilisation des bâtons et des perches fut très populaire auprès des moines Shaolin durant la dynastie Sung (960-1272). Les moines prirent part à la lutte pour protéger les provinces et aider le royaume.
Les couteaux-papillons ou Bart Jarn Dao : Les couteaux-papillons du Wing Chun sont aussi appelés "Bart Jarn". Ce nom provient de l'intention initiale de leur créateur de désigner les points d'attaques et de visées principaux des couteaux qui sont ; les poignets, les coudes, les genoux et les épaules.
La pratique de cette arme provenant directement des temples Shaolin, l'intention des moines était de blesser les agresseurs plutôt que de les tuer. En effet, ces armes étaient utilisées par les moines et les nonnes pour se protéger lors de leurs déplacements.
La longueur de la lame est égale à la distance du poing et de l'avant-bras. Une garde en métal est positionnée autour de la poignée afin de protéger la main.